Lectures

[CHRONIQUE] Dreamblood (duologie)

Auteur/-trice : N. K. Jemisin
Edition : Orbit
Série inédite en VF

Résumé
In the ancient city-state of Gujaareh, peace is the only law. Upon its rooftops and amongst the shadows of its cobbled streets wait the Gatherers – the keepers of this peace. Priests of the dream-goddess, their duty is to harvest the magic of the sleeping mind and use it to heal, soothe . . . and kill those judged corrupt.

But when a conspiracy blooms within Gujaareh’s great temple, Ehiru – the most famous of the city’s Gatherers – must question everything he knows. Someone, or something, is murdering innocent dreamers in the goddess’ name, stalking its prey both in Gujaareh’s alleys and the realm of dreams. Ehiru must now protect the woman he was sent to kill – or watch the city be devoured by war and forbidden magic.

Mon avis
Gujaareh, Cité des Rêves, ne connait qu’une seule loi : celle de la Paix. Ses citoyens vénèrent la déesse Hananja, qui règne sur leur sommeil pendant que le Prince (son « Avatar ») règne sur le monde éveillé, et que ses prêtres veillent au respect de la loi depuis l’Hetawa, leur lieu de culte.
Au sein de l’Hetawa, où se pratique une magie alimentée par les rêves, tous n’ont pas le même rôle : certains enseignent, d’autres se battent ; certains préservent la vie, d’autres donnent la mort. 

J’ai très vite été séduite par le concept, et c’était d’ailleurs la première fois que je lisais un roman avec un thème de ce genre. En revanche, ce n’était pas le premier titre que je lisais de N. K. Jemisin, que j’avais découverte il y a environ 7 ou 8 ans avec sa trilogie de l’Héritage (ma chronique ici). C’est une autrice dont j’aime beaucoup l’écriture et les idées, et j’étais ravie de la retrouver sur cette série de deux tomes, malheureusement inédite en français.

Au cours de ces deux tomes, nous avons l’occasion de suivre divers personnages (je ne vous donne pas trop de détails), avec des appartenances religieuses, politiques ou ethniques différentes, ce qui offre des points de vue très variés sur le pouvoir détenu par Gujareeh, et plus particulièrement par l’Hetawa, mais aussi sur le culte dédié à la déesse Hananja et la magie qui y est liée.

En effet, si la narcomancie peut avoir des effets bénéfiques sur le corps et l’esprit, elle peut aussi s’avérer fatale de bien des façons, tant pour les simples citoyens que pour les prêtres du culte d’Hananja : dans le monde des rêves (appelé Ina-Karekh, par opposition à Hona-Karekh qui représente le monde éveillé), l’âme est liée au corps par un lien que sont capables de sectionner certains membres de l’Hetawa, soit pour aider une personne à « partir » sereinement, soit pour libérer le monde d’un individu jugé « corrompu », et ainsi préserver la Paix. Leur rôle est de créer, par le biais des rêves, un environnement favorable à la transition de l’âme vers l’au-delà, et de recueillir la magie (appelée dreamblood) générée au cours de ce processus ; si une âme venait à être séparée de son corps de manière violente, elle serait condamnée à errer, ou à disparaître.
Ces prêtres sont les plus redoutés au sein de leur ordre, sentiment encore renforcé par le fait qu’ils semblent dépourvus d’émotions aux yeux des autres individus, leurs pratiques impliquant un calme et une maîtrise à toute épreuve, à tout moment, faute de quoi ils risqueraient de faire échouer la transition des âmes dont ils ont la charge. 

Pour les pratiquants du culte d’Hananja, ils sont des libérateurs ; pour les autres, ils sont des assassins.
Que se passerait-il si l’un d’eux venait à perdre le contrôle ?

Outre les thèmes des rêves et de la religion, le titre aborde bien d’autres sujets : corruption, conflits politiques, guerre… La lutte pour préserver la Paix sera acharnée, et les solutions se trouvent peut-être dans une profonde remise en question des traditions. Mais Gujareeh, ses habitants, et surtout l’Hetawa seront-ils prêts à s’y soumettre ?

Si j’avais apprécié le tome 1, lu en octobre passé, le tome 2 a quant à lui été un véritable coup de coeur, tant pour l’histoire que pour les personnages, dont j’ai adoré l’évolution : habitués à la paix qui règne sur leur cité, plusieurs d’entre eux seront amenés à agir d’une façon ou d’une autre lorsque celle-ci sera menacée, parfois contre leurs propres convictions et au prix de grandes souffrances dont tous ne ressortiront pas indemnes.
C’est notamment cette remise en question qui m’a beaucoup plu dans ces deux tomes, et le fait que l’autrice ne fasse aucune concession sur le sort des personnages : ceux-ci ne sont pas complètement bons ou complètement mauvais, mais ils risquent tous de sombrer, que ce soit dans la folie ou dans la mort, face aux situations parfois extrêmes auxquelles ils sont confrontés.

Autre point qui m’a paru très intéressant : l’univers en lui-même, dont la magie trouve son inspiration dans la science et la médecine de l’Egypte antique, et la diversité culturelle des acteurs du récit, qui devront apprendre à collaborer malgré des intérêts, des croyances et des points de vue différents.
N. K. Jemisin précise d’ailleurs que sa volonté était de dépeindre une société « multiculturelle, multilingue et multiraciale » . Notons également que la sexualité dans cet univers n’a pas de « carcan » : l’hétérosexualité n’est pas forcément la norme à Gujareeh, où les gens sont, selon l’autrice, « des opportunistes qui couchent volontiers avec n’importe quelle personne pour laquelle ils éprouvent de l’attirance » .

Comme mentionné plus haut, la série ne comporte que deux tomes pour le moment, mais N. K. Jemisin mentionne dans son « interview » à la fin du tome 1 qu’elle n’est pas contre l’idée de prolonger la série, et j’espère sincèrement qu’elle trouvera l’occasion de le faire un jour car je serais ravie de me replonger dans cet univers !

(P. S. : cette chronique n’est absolument pas à la hauteur de la richesse de ce titre, ni de l’intensité des sentiments qu’elle a provoqués en moi au cours de ma lecture, mais j’espère qu’elle vous aura quand même donné envie de découvrir ces romans 😁)

 

10 commentaires sur “[CHRONIQUE] Dreamblood (duologie)

    1. Ce serait bien que ces romans soient traduits en français, mais la série date de 2012 donc je n’ai pas beaucoup d’espoir 😔 Par contre, sa trilogie de l’Héritage (sa première trilogie) a été traduite donc n’hésite pas à te pencher dessus ^^

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        1. Elle a aussi une trilogie plus récente qui semble avoir beaucoup de succès (« Les livres de la terre fracturée ») mais apparemment c’est plutôt de la SF, et comme je ne l’ai pas encore lue je ne peux pas te donner d’avis dessus mais ses notes semblent très bonnes aussi ^^

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