[CHRONIQUE] 9 Lives Man – Un amour à sens unique

Auteur/-trice : Monday Recover
Edition : Mahô

Résumé
Depuis l’âge de 14 ans, Ziyang a des sentiments pour sa camarade Qing. Dès cet instant, des points de vie sont apparus au-dessus de sa tête. Aujourd’hui adulte, sa vie quotidienne est bouleversée lorsque Qing devient son assistante. Inexorablement, ses points de vie diminuent… Que cela peut-il signifier ?

Mon avis
Avant toute chose, j’aimerais remercier les éditions Mahô pour leur confiance et pour l’envoi de ce tome qui, je dois bien l’avouer, avait piqué ma curiosité à l’annonce de sa sortie.

Autant vous le dire tout de suite : je ne vous dévoilerai pas la signification des mystérieux « points de vie » dont il est question dans le résumé, car je veux vous laisser la surprise et, surtout, je ne veux pas imposer ma propre interprétation.

En effet, 9 Lives Man est l’un de ces titres dont il est difficile de parler de manière approfondie sans trop en révéler, car au-delà de la romance il y a une certaine part de psychologie : c’est le genre d’oeuvre qui fait plutôt appel au vécu du lecteur, qui trouvera probablement les clés dans sa propre expérience et dans ce que lui évoque le récit, celui-ci ne donnant pas vraiment d’explication claire et nette concernant le sens des fameux « point de vie ».

L’histoire se divise en deux parties (ce que ne dit pas le résumé), chacune centrée sur différents personnages, Qing étant le point commun entre les deux autres. Sans le savoir, cette jeune fille admirée de tous va exercer une influence décisive sur la vie de deux personnes : d’un côté Ziyang, un garçon timide et réservé, que l’on retrouve ici adulte et promis à une brillante carrière d’avocat ; de l’autre côté… je vous laisse le découvrir par vous-même 😉

Alors que Qing, devenue adulte, est engagée comme assistante dans le cabinet d’avocats où travaille Ziyang, il se reprend en pleine figure les sentiments qu’il pensait avoir mis de côté. En côtoyant Qing au quotidien, le jeune homme va devoir se plonger dans une introspection pour tenter d’interpréter ces sentiments : quelle est la nature exacte de ce qu’il ressent pour Qing ? Ou plus précisément : que représente dans sa vie la jeune fille qu’il admirait tellement pendant son adolescence ? Pourquoi l’avoir mise sur un piédestal, au point de n’avoir jamais osé tenter quoi que ce soit pour se rapprocher d’elle, autrement qu’en empruntant la voie qu’elle-même rêvait de suivre : celle qui mène au métier d’avocat ?

A travers cette introspection de Ziyang, c’est un très beau récit que nous livre l’autrice taïwanaise, Monday Recover, en nous poussant à une réflexion sur la place occupée par certaines personnes dans notre vie. Un jour, elles nous sont indispensables et l’on se sent capable de déplacer des montagnes pour elles ; mais le temps passe, chacun fait sa vie, et nos chemins se séparent pour, peut-être, ne plus se croiser. Dans ces cas-là, que reste-t-il de nos sentiments ?

A côté de ça, on a aussi, par bribes, le point de vue de Qing, qui occupe un rôle dont elle ne veut pas : celui de la personne admirée, en apparence parfaite, avec la pression que cela peut engendrer. Cette perfection, qui éblouissait également Ziyang, va être remise en cause dans la relation professionnelle qui lie désormais les deux personnages : si Qing commet une erreur dans son travail, Ziyang, devenu son supérieur, est contraint de le lui faire remarquer, ce qui remettra aussi en question l’image qu’il avait de la jeune femme.

Comme vous pouvez le constater avec les illustrations glissées dans cet article, le trait de Monday Recover est à l’image de l’histoire : beau et délicat. Les planches sont, dans l’ensemble, assez sobres, mais parfaitement adaptées à la narration. J’ai beaucoup aimé le personnage de Ziyang qui, sous son air impassible, cache en réalité une grande sensibilité et des réactions (internes) parfois extrêmes, ce qui permet d’intégrer un peu d’humour et de légèreté au récit.

Ce one-shot est finalement une jolie surprise, avec des relations complexes et profondes, bien loin de la « simple » romance à laquelle je m’attendais (mais bon, il faut avouer que le concept des « points de vie » aurait dû me mettre la puce à l’oreille). Je regrette de ne pas pouvoir lire le roman d’Ah Tui, dont il est inspiré.

Je conclurai cette chronique avec un mot sur l’édition de Mahô qui, comme toujours, nous propose un travail très soigné et très propre, avec en bonus une page couleur en début de tome.

Pour plus d’informations concernant ce titre, disponible en librairie depuis le 15 janvier, je vous invite à consulter le site des éditions Mahô, et je vous mets le trailer ci-dessous pour vous donner un petit aperçu ^^