Lectures

Le Pavillon des hommes – Tome 1


Autrice : Fumi YOSHINAGA
Editions Kana

Résumé
Nous sommes au Japon, à l’époque Edo. Une terrible épidémie incurable ayant frappé la population masculine japonaise 80 ans plus tôt, la population masculine a chuté au point d’être réduite au quart de celle des femmes. Les garçons, ont donc été élevés avec grand soin, protégés, tandis que les femmes ont pris en charge tous les travaux quotidiens, la gestion des entreprises. Tous les rôles sont inversés ! En outre, les hommes étant devenus une denrée rare, seules les femmes les plus riches peuvent désormais s’offrir un mari. La charge suprême du shogun est également passée aux mains des femmes. Le shogun domine un pavillon interdit aux autres femmes qui abrite les 800 plus beaux spécimens masculins d’un monde qui en manque cruellement.

Mizuno, jeune séducteur, a intégré le pavillon des hommes du shogun, pour éviter un mariage avec un bon parti que sa mère voulait lui imposer. Il y reçoit un salaire qu’il fait parvenir à sa famille. C’est les larmes pleins les yeux, qu’Onobu, son amie d’enfance et amour secret, l’a laissé partir. Une hiérarchie complexe divise les hommes du pavillon en différentes catégories. Mizuno, entré dans la classe la plus basse va réussir à grimper les échelons de par sa force inhabituelle dans une population masculine globalement surprotégée.

Toutefois, la supériorité au sabre de Mizuno notamment, si elle lui permet de se faire remarquer par le nouveau shogun, lui attire également des inimitiés dans cet univers clos rongé par l’orgueil…

Mon avis
C’est grâce à une promotion numérique des éditions Kana que je découvre cette série sur le tard, le tome 1 étant paru chez nous en 2009.

Comme indiqué dans le résumé, cette uchronie nous invite à un voyage dans le Japon du XVIIIe siècle, dans un contexte où une épidémie a complètement décimé la population masculine, entraînant une inversion des rôles et la domination des femmes, qui accèdent dès lors aux fonctions les plus hautes de la société, y compris au shôgunat (c’est-à-dire à la tête du gouvernement).

Malgré le manque cruel d’éléments masculins parmi la population, il existe un endroit qui réunit à lui seul des centaines d’hommes réservés au seul service (et plaisir) du shôgun : le Pavillon des hommes.

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OHOKU © 2005 by Fumi Yoshinaga / HAKUSENSHA, INC., Tokyo

Les hommes cohabitant dans cette enceinte sont divisés en deux catégories, selon la charge qui leur incombe (cf. extrait ci-dessus), le bas de la hiérarchie étant occupé par les domestiques.

C’est donc à cette fonction qu’est assigné Yûnoshin Mizuno, jeune homme de 19 ans issu d’une famille de samourai désargentée, lorsqu’il décide de se faire engager au Pavillon afin de pouvoir apporter une aide financière à ses parents et à sa soeur aînée, qui peine à trouver un mari et dont ils n’ont pas les moyens d’assurer la dot.

Raillé dès son arrivée par les autres domestiques à cause de ses origines modestes, Yûnoshin fait néanmoins preuve d’un sens de la répartie qui lui attirera vite des inimitiés parmi ses congénères. Les esprits (et les corps) sont d’autant plus échauffés que le jeune homme débarque à une période où la situation au sein du Pavillon est à l’opposé de celle qui règne à l’extérieur : les femmes étant interdites dans l’enceinte, et l’actuel shôgun n’étant encore qu’une enfant, les pensionnaires subissent une frustration propice au développement d’une certaine agressivité, allant parfois jusqu’à forcer des relations (homo)sexuelles.

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OHOKU © 2005 by Fumi Yoshinaga / HAKUSENSHA, INC., Tokyo

En plus de cette ambiance déjà favorable aux affrontements, il faut mentionner la compétition à laquelle sont soumis ces hommes, contraints de rivaliser pour espérer s’attirer les faveurs d’un supérieur et, ainsi, gravir les échelons pour obtenir l’immense privilège de partager la couche du shôgun.

Dans ces conditions, Yûnoshin ne tarde pas à se faire remarquer grâce, notamment, à la beauté de ses traits, à son esprit vif et à son habileté au maniement du sabre. Promu très vite au rang de chûrô, il accède désormais au cercle très convoité des « gens de compagnie » du shôgun… Mais cette promotion est-elle réellement une bénédiction ? Je vous invite à lire ce tome pour le savoir 😉

Parallèlement à la « réussite » de Yûnoshin, on assiste à un événement qui risque fort de venir perturber l’ordre établi au sein du Pavillon. En effet, suite au décès du jeune shôgun Ietsugu après une longue maladie, le pouvoir revient à une autre femme : Tokugawa Yoshimune.
Habituée à la sobriété de sa province natale, cette nouvelle dirigeante au caractère fort considère le Pavillon comme du gâchis, tant pour les jeunes hommes qu’il renferme que pour les frais qu’il implique.

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OHOKU © 2005 by Fumi Yoshinaga / HAKUSENSHA, INC., Tokyo

Dès lors, on comprend bien que l’arrivée de cette femme au pouvoir annonce une vague de changement susceptible de bouleverser les habitudes du palais d’Edo, d’autant plus qu’elle s’attaque à des traditions bien ancrées et à des privilèges visant à démontrer la supériorité du shôgun sur ses sujets.

Quelles seront les décisions de Yoshimune pour réformer ce système ? Comment ces décisions seront-elles perçues ? Quelles en seront les conséquences ? J’ai hâte de connaître la suite pour le découvrir !

Vous l’aurez compris : ce titre a su éveiller mon intérêt dès le premier tome ! J’ai aimé me plonger dans ce Japon du XVIIIe siècle, qui reste convaincant malgré son caractère fictif. L’idée de donner le pouvoir aux femmes et de faire des hommes une « espèce » rare offre une approche originale de cette société traditionnelle, et je suis curieuse de voir comment Fumi YOSHINAGA va l’exploiter…
Les personnages sont travaillés, avec une vraie personnalité et un rôle défini, et ce peu importe leur sexe. Malgré le contexte qui attribue une certaine supériorité aux femmes, les hommes ne sont pas traités de façon condescendante et l’équilibre est en quelque sorte maintenu grâce à la valeur que leur procure leur « rareté ».
Bien qu’il s’agisse d’une romance historique, l’amour n’occupe pas une grande place dans ce premier tome, qui s’attache surtout à poser le cadre et les bases du récit.

Du côté des dessins, le style est assez sobre mais il contribue efficacement à l’immersion dans le passé. Il me fait un peu penser aux estampes japonaises (c’est probablement dû aux tenues et aux coiffures des personnages) et il réserve malgré tout quelques belles illustrations.

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OHOKU © 2005 by Fumi Yoshinaga / HAKUSENSHA, INC., Tokyo

Si vous souhaitez découvrir cette série, n’hésitez pas à profiter de la promotion numérique que j’ai citée plus haut, valable notamment sur la plateforme izneo jusqu’au 4 novembre 2018 !

8 commentaires sur “Le Pavillon des hommes – Tome 1

  1. Je me posais justement la question sur le féminisme de ce titre, mais ta phrase  » Malgré le contexte qui attribue une certaine supériorité aux femmes, les hommes ne sont pas traités de façon condescendante et l’équilibre est en quelque sorte maintenu grâce à la valeur que leur procure leur « rareté ».  » me rassure beaucoup !
    Je vais le lire rapidement afin de voir ce que ça donne, mais ça a l’air plutôt bon ^^
    Merci 😉

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    1. C’est vrai qu’il y avait un danger de tomber dans « l’extrémisme » mais je n’ai pas ressenti de dédain envers les hommes dans ce tome… Après, peut-être qu’un lecteur masculin ne le percevra pas de la même façon… Tu me diras ^^
      Merci à toi !

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  2. Le Pavillon des hommes est l’un des plus beaux titres en cours chez nous que ce soit du point de vue de l’histoire ou des dessins pour moi. J’en attends chaque tome avec impatience malgré le fait que je sois souvent un peu perdue. L’histoire est d’une telle force émotionnelle. Bonne découverte !

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