Lectures

Au fil de mes lectures #1 – Octobre 2021

Au fil de mes lectures (Automne)

Bonjour tout le monde !

Je vous retrouve aujourd’hui avec un nouveau concept inspiré du blog The Uncorked Librarian : chaque mois, je tiendrai un article dans lequel je ferai des retours sur mes lectures en fonction de mes envies et de ce que celles-ci m’inspirent (je ne le ferai pas systématiquement pour chaque lecture). 

Contrairement à un bilan mensuel, il ne s’agit pas de faire le point sur tout ce que j’ai lu dans le mois, mais plutôt de condenser mes avis concernant les lectures effectuées durant le mois correspondant dans un seul article, et ceci au fur et à mesure, ce qui signifie que ces articles seront mis à jour (plus ou moins) régulièrement jusqu’à la clôture du mois auquel ils sont dédiés.

Il se peut que je mette un peu de temps à trouver un format qui me plaise ou avec lequel je sois à l’aise, alors je vous prie d’avance de m’excuser pour les tâtonnements des débuts 😅

Je vous mets une petite liste des titres abordés dans cet article, pour que vous puissiez vous y retrouver plus facilement :

Romans
S’en aller de Sophie d’Aubreby
Le silence d’Isra d’Etaf Rum

Manga
My capricorn friend de Masaru Miyokawa et Otsuichi


Romans

S'en aller (6)
Mon avis
J’ai découvert ce titre un peu par hasard, grâce à un article publié sur le site de la RTBF, dans la rubrique Les Grenades destinée à donner plus de visibilité aux femmes dans les médias (initiative que j’applaudis des deux mains, d’autant que leurs articles sont vraiment intéressants).

Ce premier roman de la jeune autrice belge Sophie d’Aubreby est un merveilleux hommage aux femmes qui ont choisi de s’affranchir du rôle que la société leur attribue encore trop souvent par défaut : se marier, avoir des enfants et s’occuper du foyer.

La plume est belle, percutante sans être agressive, et les mots choisis sonnent juste.
A travers la vie et le parcours de Carmen, la protagoniste, le roman aborde de nombreuses thématiques liées à la condition féminine dans les sociétés patriarcales (inégalités, soumission, dépendance, violence banalisée, voire mutilation…)

« Beaucoup de cases prévues par défaut restent vides. Le nom d’épouse. L’identité de l’époux. Le nombre d’enfants. Les normes qu’elle a passé sa vie à botter en touche lui reviennent dans ces minces feuilles de papier coloré. Elle ne s’est jamais mariée. Elle n’a pas eu d’enfant. Voilà ce que dit l’administration de sa vie, voilà ce que la société retient. Rien du reste, rien des fiertés, rien des ruptures. Sa vie tient tout entière dans les creux qu’elle laisse sur ces formulaires. Il faut les lire en négatif, il faut tout interpréter parce que ce langage-là, le langage officiel, n’a pas prévu de case pour ses choix à elle. »

Cependant, loin de présenter les femmes comme le « sexe faible », il met en valeur leur courage et leur force, leur combat pour l’émancipation, pour leurs droits et pour un avenir plus équitable.
Si le sujet vous intéresse, s’il vous parle, s’il vous tient à coeur, je ne peux que vous recommander cette lecture qui a beaucoup résonné en moi et dont, malheureusement, bien des aspects m’ont semblé encore trop familiers en ce XXIe siècle.

« Il paraît que nous sommes faibles. Les mots pénètrent son crâne sans que ça parvienne au ventre : ces mots-là mentent, elle se dit. Ces mots ne savent pas. »


Le silence d'Isra (1)

Mon avis
J’ai lu ce roman dans le cadre d’une lecture commune pour le challenge Lire main dans la main organisé par Aryia, et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il m’a mis une grosse claque.

Premier roman d’Etaf Rum, autrice née à Brooklyn de parents issus de l’immigration palestinienne, il retrace l’histoire d’une famille sur trois générations et dresse un tableau tragique de la condition des femmes dans la société palestinienne (et, plus largement, dans la culture arabe) : les filles, considérées comme des fardeaux, sont mariées de force dès qu’elles en ont l’âge. A partir de ce moment, leurs rôles se limitent à se soumettre à leur mari, à lui donner un héritier mâle qui pourra aider la famille et perpétuer la descendance, à s’occuper du foyer et de l’éducation des enfants… Pas question pour elles d’avoir accès aux études supérieures (à moins, bien sûr, qu’elles soient assez chanceuses pour que leur mari le leur permette).

J’ai aimé la façon dont le récit est construit, passant d’un point de vue à un autre et faisant des allers et retours dans le temps pour nous faire découvrir le vécu d’Isra, mais aussi de sa belle-mère Fareeda et de sa fille Deya. A chacune de ces femmes est lié un combat, un désir de trouver sa place, une raison d’être. Chacune a des attentes différentes, certaines plus traditionnelles, d’autres plus ambitieuses.
Mais dans ce contexte où l’amour n’est qu’une fantaisie, la violence conjugale n’est pas rare et est même banalisée. Le poids des traditions est énorme, et les libertés individuelles sont sacrifiées en faveur d’une réputation irréprochable à maintenir au sein de la communauté, afin de favoriser les mariages arrangés. On découvrira également un lourd secret lié à cette famille, qui semble décidément maudite.

La littérature fait également partie intégrante du roman : elle permettra à Isra, puis à Deya, de prendre conscience que le monde peut-être différent de celui qu’elles connaissent, et qu’il n’appartient qu’à elles de choisir une autre voie que celle qui leur est imposée.
Mais ce choix implique de défier la tradition. En auront-elles la force ?

Le silence d’Isra fait partie de ces romans forts qui laissent des marques et qui font réfléchir, tout en proposant une passerelle entre les cultures. Il est de ces oeuvres nécessaires qui invitent à découvrir l’autre, non pas pour le juger, mais pour (tenter de) le comprendre et prendre conscience qu’il existe différentes manières de voir le monde.
Bien que sombre, il offre un message d’espoir à travers l’évolution des personnages. Certes, il faut du temps pour se libérer du carcan des traditions, mais ce n’est pas impossible, et les cultures peuvent évoluer.


Manga

My capricorn friend

Mon avis
J’avais ce petit one shot dans ma PAL depuis l’année passée, dans son édition espagnole parue chez Milky Way. Comme il est sur le point de sortir en France (le 27 octobre) chez Delcourt/Tonkam, je me suis dit que ce serait une bonne occasion de le sortir de ma PAL.

Paru en 2014 dans le Shonen Jump + de Shueisha, My capricorn friend est un manga dessiné par Masaru Miyokawa, sur une histoire originale du romancier et scénariste Otsuichi.
Mélange de suspense et de fantastique, il aborde des thèmes lourds comme le harcèlement, le suicide ou encore le meurtre. Le tout, avec des adolescents.

On y trouve aussi un aspect psychologique qui n’est pas sans rappeler A Silent Voice, petit bijou de Yoshitoki Oima paru chez Ki-oon : le poids de la culpabilité et le besoin de se racheter auprès d’une victime. En effet, Yûya Matsuda a assisté à plusieurs reprises aux scènes de harcèlement que subissait régulièrement Naoto Wakatsuki, auteur présumé du meurtre de son bourreau, Akira Kaneshiro. Or, sous prétexte de préserver sa tranquillité, et pour éviter de devenir la prochaine victime de Kaneshiro, il n’est jamais intervenu pour prendre la défense de Naoto. Pour faire la paix avec sa conscience, il décide donc de tout mettre en oeuvre pour venir en aide à Naoto dans cette affaire de meurtre.

A cela s’ajoute une touche de fantastique, qui m’a fait cette fois penser à Orange, série d’Ichigo Takano parue aux éditions Akata : sur sa terrasse où un vent fort dépose constamment toutes sortes de choses plus étranges les unes que les autres, Yûya trouve un extrait de journal datant que quelques jours dans le futur. Celui-ci annonce le suicide d’un élève de 15 ans, retrouvé pendu après avoir confessé le meurtre d’un adolescent retrouvé mort le même jour qu’Akira Kaneshiro. Yûya a bien entendu vite fait de tirer ses propres conclusions sur l’affaire, et il est bien décidé à empêcher qu’un tel dénouement ne se produise. Y parviendra-t-il ?

Vous l’aurez compris : il se passe beaucoup de choses intenses dans cet unique tome. Même si la résolution de l’affaire peut paraître expédiée, le fait que tout se déroule en quelques jours à peine permet à l’intrigue de tenir en un seul volume sans qu’il y ait d’impression de précipitation. Disons qu’on va au but sans faire trop de détours 😆 Pour ma part, même si ce n’est pas un coup de coeur, j’ai beaucoup apprécié cette lecture.

Une petite mise en garde toutefois : comme on peut s’y attendre au vu du sujet, le joli dessin dépeint quelques scènes assez dures, et vous trouverez notamment un passage avec de la torture sur un animal qui n’est pas montrée mais dont on a quand même quelques descriptions (vous pouvez la passer sans que ça n’impacte trop votre lecture, même si c’est un élément qui a son poids dans l’aspect psychologique des personnages).

 

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